LA MENAGERIE DE VERRE
Auteur : Tennessee Williams
Date de publication originale : 1944
Atelier avec la 3ème promotion (2ème année)
Mise en scène : Xavier Gallais
Distribution : Paul Guilbert et Matteo Rignanese (Tom) + Anna Guyon (Amanda) + Louise Depardieu (Laura) + Arnaud Martin-Rambaud (Jim)
"Un zoo. Un musée. Une collection de verre. Des animaux en cage. Des personnes qui tournent en rond dans la pénombre de leur appartement délabré. Un écosystème en ébullition. De l’amour, mais jusqu’à quel prix ?
J’interprète le rôle de Laura dans la pièce. Laura ne parle pas beaucoup mais quand elle parle, elle se déploie et prend son envol comme un oiseau. Le corps parle pour elle quand elle ne prend pas la parole. C’est un personnage qui rassemble les membres de sa famille, qui parfois s’efface pour mieux les regarder vivre et pour voyager dans son imaginaire, de son côté.
Avec Xavier, nous travaillons beaucoup sur la frontière entre les vivants et les morts et sur les résonances que la pièce contient qui nous dépassent : l’auteur, les États-Unis à cette époque, les circonstances qui nous sont étrangères mais vers qui nous pouvons essayer de nous rapprocher.
Cette pièce est une pièce hantée par tous les passages de ces personnages, qui ne cessent de revenir sur les traces de leur passé, en famille, par la volonté de Tom.
Nous nous amusons à créer des rituels qui unissent cette famille étrange grâce aux jeux, aux propositions que nous les comédiens nous nous faisons sans cesse quand nous jouons ensemble. Nous nous surprenons, nous explorons les dimensions de nos voix, de nos corps en mouvements et de l’espace dans lequel nous travaillons à la salle blanche. C’est un travail passionnant et enrichissant qui n’a de cesse de se régénérer car nous prenons toujours en compte les circonstances du réel avec lesquels nous jouons. Notre état, le temps qu’il fait dehors, la musique, les accidents inattendus, notre regard et tant d’autres choses. Ça fait du bien de ne pas mettre un personnage dans une catégorie par la psychologie ou par l’intellectualisation, je ne sais toujours pas comment interpréter Laura, c’est elle qui me surprend toujours quand je commence à jouer." (Louise Depardieu)
"Tom(niscient)
...“Je vous présente le réalité sous la forme séduisante d’une illusion”...
Un homme convoque les fantômes de son passé pour essayer de réparer le destin tragique de sa famille. Il voit défiler sa ménagerie tous les soirs et espère que les comédiens/souvenirs trouveront, cette fois, la solution pour sauver Laura et auront le courage d’aller de l’autre côté de l’impasse…" (Matteo Rignanese)
"La Ménagerie de Verre est, d'après moi, la plus belle preuve d’amour qu’un auteur puisse offrir à sa mère et à sa sœur. Chaque fois que la pièce est jouée, Tennessee Williams affronte à nouveau ses fantômes et replonge en plein dans les années 30, dans cet appartement à Saint-Louis où l’imaginaire, le jeu et l’illusion sont préférables à la réalité. Chaque fois vient un nouvel espoir. Va-t-il les sauver ? Réécrira-t-on le passé ? Jouer Tom, c’est entrer dans un rituel d’amour et d’espérance où chaque mot, chaque phrase, compte. C’est déterrer les secrets dissimulés par Williams et être face à ses fantômes, face à sa ménagerie. C’est avouer ce qu’on n’a jamais avoué, c’est pardonner et demander pardon là où l’on n’a pas eu la force. C’est danser dans un uni-verre fragile et chanter sous la pluie. C’est espérer ensemble et sans relâche, pour réécrire le passé, pour tous les sauver. " (Paul Guilbert)
... "Alors, à quoi allons-nous consacrer nos journées dorénavant et jusqu’à la fin de notre vie ? On restera à la maison, à regarder passer le défilé ? à jouer avec la ménagerie de verre, ma chérie ? ..."
Amanda Wingfield se créer tout un monde dans lequel elle fait évoluer ses enfants par des histoires passées ou inventées. Jouer à vivre, il ne lui reste plus que cela. Vivre pour jouer, pour se raconter. Sans ça, elle n’est plus. Il faut que ses enfants continuent à bien vouloir jouer avec elle, qu’ils entrent avec elle dans son imagination, dans son monde de rêve. Ce monde d’illusions ; c’est tout. A l’extérieur, c’est comme si tout était détruit, parti « en fumée» et que l’intérieur, sa « propre maison » restait le seul refuge contre ce dehors, qui a tout détruit. Il ne lui reste plus que cette ménagerie pour se sentir vivante auprès de ses enfants qu’elle rêve parfaits. Elle veut tellement leur bien être qu’elle ne perçoit pas l’étouffement qu’elle leur impose. Amanda connait l’histoire et le destin fatal qui attend Laura, sa lobotomie. Elle en est elle-même l’autrice d’une certaine manière. Mais elle ne cessera de croire, chaque soir, en retraversant cette boucle : que le mal pourra être réparé, que l’erreur pourra être modifiée, que l’histoire pourra enfin être changée, espérer qu’elle pourra vivre, heureuse. " (Anna Guyon)
"Le rôle de Jim m’offre la possibilité d’aborder la pièce à travers deux grands axes : le jeu et la musique. Je peux ainsi commencer à me laisser envahir par l’atmosphère du plateau dès les premières secondes. La musique a valeur de réplique dans le rituel, elle accompagne la tentative désespérée des Wingfield de réparer leurs moments d’absences, les jours où ils refusaient de voir la réalité qui leur crevaient les yeux. J’entends la vérité puis Jim la voit, mais rien n’y fait, une erreur subsiste." (Arnaud Martin-Rambaud).
(Photos Elodie Delelée)