École de théâtre La Salle Blanche

WORK IN PROGRESS

Découvrez quel travail est en cours avec Xavier Gallais et Florient Azoulay : quelles sont les explorations effectuées
par nos acteurs et actrices chercheurs ? Quelles sont les pièces choisies et pourquoi résonnent-elles?


Les élèves et/ou leurs directeurs artistiques et pédagogiques nous ont écrit pour mieux nous en parler...
MISES EN SCÈNE À LA MANIÈRE DE

L'amant, d'Harold Pinter

Mis en scène à la manière de :

Meyerhold, André Antoine, Stanislavski, Lugné Poe, Gordon Craig, Alfred Jarry

Atelier avec la 4ème promotion (2e année)
Cours d'interprétation de Xavier Gallais

Chaque année, Xavier Gallais propose aux élèves de 2e année de mettre en scène un même texte à la manière de différents metteurs en scène du XXe siècle.

(Photos Jeanne Hirigoyen)

Salomé, Oscar Wilde, interprété par les comédiens de La Salle Blanche, une formation de théâtre à Paris
Polina Streltsova (Salomé) et Killian Calvez (Iokanaan)
SALOME

Auteur : Oscar Wilde, né à Dublin le 16 octobre 1854 et mort à Paris le 30 novembre 1900.
Ecrivain, romancier, dramaturge et poète irlandais.

Publication de la version originale en 1891, en français (traduction en anglais trois ans plus tard).


Atelier avec la 4ème promotion (1ère année)
Cours d'interprétation de Xavier Gallais


Salomé c’est la nuit. Il fait sombre, on ne voit pas tout. C’est ce soir que les choses vont prendre un tournant, une nuit où tout est possible. Tout n’est pas dit, on devine, on suggère mais intensément. Salomé c’est le temps qui passe. Salomé c’est la lune.

« La lune a l’air étrange se soir, n’est-ce pas que la lune est étrange se soir »

Salomé c’est une femme qui se révolte. Elle ne supporte pas qu’on puisse lui dire non. Elle se perd elle-même dans sa danse et se fait emporter par son propre tourbillon. Mais peut être que Salomé a envie de tout ça?

Salomé est la princesse de Judée. Elle se rend au palais de son oncle Hérode et de sa mère Hérodias.

Durant le festin, Salomé entend une voix, c’est la voix du prophète Iokanaan. A partir de ce moment, Salomé ne pense qu’à une seule et même chose. Le voir, lui parler, puis ces pensée vont aller encore plus loin, elle veut l’embrasser. Elle doit l’embrasser.

« Laisse moi baiser ta bouche Iokanaan. »

Mais jusqu’où Salomé est prête à aller ?

Salomé, ce sont les mots qui sortent de notre bouche, comme une danse. L’écriture d’Oscar Wilde nous invite à se faire emporter comme une vague, un tourbillon, une valse. Mais nous devons faire attention à ne pas nous perdre.

Nous plongeons tête la première dans ce travail avec Xavier Gallais. Dans cette langue tourbillonnante nous ne pouvons que nous accrocher les uns aux autres, jouer pour l’autre, essayer de le mettre en lumière. Le regarder, car oui le regard dans cette pièce a une place essentielle.

Mais, comment se regarder et s’adresser vraiment les choses? Sans forcément avoir les yeux dans les yeux? Comment laisser l’autre venir à nous sans le repousser, jamais? Comment trouvons-nous une liberté en tant qu’acteur, sans oublier nos partenaires ?

Toutes ces questions, que nous essayons de résoudre grâce aux mots d’Oscar Wilde, sont au coeur de notre travail de recherche et de répétitions...

La 4ème promotion 1ère année.



(Photos Elodie Delelée)

Dessin de Jeanne Hirigoyen autour de l'oeuvre Les Bonnes de Jean Genet
LES BONNES

Auteur : Jean Genet (1910-1986)
Première représentation de la pièce : 17 avril 1947
Atelier avec les élèves de 3ème année

Cours de Florient Azoulay et Xavier Gallais


Dessins (inspirés des photographies de Ren Hang) et textes :

Jeanne Hirigoyen (élève de 3ème année)


~ "Christine Papin, l'aînée.

Elle a 27 ans en 1933, année du meurtre de Mme Léonie et Mlle Geneviève Lancelin commis avec sa soeur cadette, Léa.


Elle a inspirée le personnage de Solange, dans Les Bonnes de Jean Genet, que j'étudie actuellement à La Salle Blanche, le laboratoire de l'acteur-chercheur avec Xavier Gallais et Florient Azoulay, et l'aide du précieux roman de Julia Minkowski : Par delà l'attente.


Dans "l'affaire Papin", en 1933, l'avocate de Christine n'obtient aucune circonstance atténuante malgré les troubles psychiatriques de sa cliente, et Christine est condamnée à mort. Sa peine est commuée en prison à perpétuité, mais très vite, elle est transférée en asile psychiatrique. Elle y meurt en 1937. Sa soeur cadette, Léa, échappe à la condamnation à mort grâce aux changements de version des faits de Christine qui, après une crise de schizophrénie à la maison d'arrêt où elles sont enfermées, affirme qu'elle est la seule coupable et que sa soeur est innocente : durant sa crise, Christine a rêvé de Léa pendue à un arbre, les jambes coupées ; elle décide que cela ne doit jamais arriver."

Dessin fait par la comédienne Jeanne Hirigoyen autour de l'oeuvre Les Bonnes de Jean Genet

~ "Léa Papin, la cadette.

Elle a 21 ans en 1933, année du meurtre de Mme Léonie et Mlle Geneviève Lancelin commis avec sa soeur aînée, Christine.


Elle a inspirée le personnage de Claire, dans Les Bonnes de Jean Genet, pièce sur laquelle nous travaillons.

Dans "l'affaire Papin", en 1933, Léa échappe à la condamnation à mort, contrairement à sa grande soeur Christine qui semble être l'instigatrice du meurtre de leur patronne et de sa fille (énucléation, coups, lacérations). Mais est-ce bien le cas ? Genet, dans Les Bonnes, montre aussi les côtés manipulateurs de la cadette.


Le mystère autour de ces deux bonnes (dont les groupes politiques de l'époque ont tenté de s'emparer pour leurs propres causes, sans vraiment s'intéresser à elles et à leur sort !) est vraiment troublant. Étant donné le mutisme de Léa et les troubles psychiatriques de Christine, rien ne permet de savoir laquelle a fait le premier pas, laquelle a été la plus sanglante, et pourquoi. Est-ce qu'il y a eu pression ou manipulation de l'une sur l'autre. Pourquoi, après le meurtre, elles ont attendu la police en peignoir (cf. dernières photos). Pourquoi Christine s'est sacrifiée pour Léa, et pourquoi cette dernière ne l'en a pas empêchée? Comment Léa, morte en 2001, a vécu après tout cela.

Deux figures qui me hanteront longtemps, dans le bon et le mauvais sens. Il y a leur crime vraiment violent, oui ; mais leur enfance, avant de devenir bonnes, raconte tellement de choses sur la société patriarcale et violente dans laquelle nous vivons."

Six comédiens incarnent leur alter-ego lors d'un atelier d'interprétation avec Xavier Gallais
EN QUETE DE PERSONNAGES
Dérives psycho-géographiques



Atelier avec la 4ème promotion (1ère année)
Cours d'interprétation de Xavier Gallais

Créer un personnage proche ou loin de soi, restituer collectivement l'univers sonore recueilli durant cette exploration psycho-géographique, les yeux fermés...
Comment développer la relation poétique que chacun établit avec sa ville ?


Xavier Gallais a emmené nos acteurs et actrices chercheurs de 1ère année en promenade.
Ou bien était-ce leurs "alter ego"?

Ecoutons le témoignage d'un des élèves, Paul.

Et pour en savoir (un peu) plus c'est ICI .

LOLA (Polina)

ETIENNE (Hugues)

LISA (Marie)

ANTOINE (Paul)

FABIEN (Killian)

ANTHONY (Adonide)


(Photos : Xavier Gallais et Elodie Delelée)

Cours d'interpretation sur Phèdre à La Salle Blanche, une école d'acteur à paris
Polina Streltsova (Phèdre) et Paul Labourgade (Hippolyte)
PHEDRE

Auteur : Jean Racine, 1639-1699.
Date de publication : Phèdre et Hippolyte, 1677, prenant le titre de Phèdre à partir de l’édition des Œuvres complètes de 1687.

Atelier avec la 4ème promotion (1ère année)
Cours d'interprétation de Xavier Gallais

En marge du travail en cours impulsé par Xavier Gallais, écoutons Florient Azoulay nous préciser le contexte de la passion de Phèdre :

"Thésée a disparu depuis quelques mois. Phèdre, sa femme, séjourne à Trézène avec son beau-fils Hippolyte. Or, elle est amoureuse de ce dernier et elle se laisse mourir. Elle ne dort plus et ne mange plus depuis trois jours. Elle confie cet amour coupable à sa nourrice qui lui conseille de tout avouer à Hippolyte". Elle n'est pas décrite par Racine : Florient Azoulay la voit, selon sa formule, comme "des battements de cœur très lents, qui s'emportent à certains moments, suivis de pulsations cardiaques. Phèdre, telle que je l'imagine, note- t-il*, c'est un cœur en proie à une passion qui s'achèvera par l'arrêt cardiaque."*

"Un des aspects scandaleux, note-t-il encore, est que, descendante de Pasiphaé, la sœur d'Ariane, elle appartient à une lignée de gens que Vénus fait souffrir : cette injustice-là est à proprement parler scandaleuse. Selon qu'on imagine Phèdre, mûre ou jeune, le scandale est d'une nature différente. Si elle est jeune, on voit une jeune fille inexpérimentée, peut-être d'ailleurs une des plus inexpérimentée de tous les théâtres racinien. De jeunes actrices l'ont interprété à l'âge de 20 ans, d'autres ne se sont pas autorisées à aborder ce rôle avant d'être des actrices confirmées. Il faut avoir une maîtrise du corps, une maîtrise de la voix, une maîtrise folle pour aborder un rôle comme Phèdre."

(Propos extraits de l'entretien de F. Azoulay avec Charles Dantzig sur France Culture - Emission Personnages en personne, mai 2022).


(Photos Elodie Delelée)

La Ménagerie de Verre - La Salle Blanche - ecole acteur paris
LA MENAGERIE DE VERRE

Auteur : Tennessee Williams
Date de publication originale : 1944

Atelier avec la 3ème promotion (2ème année)
Mise en scène : Xavier Gallais
Distribution : Paul Guilbert et Matteo Rignanese (Tom) + Anna Guyon (Amanda) + Louise Depardieu (Laura) + Arnaud Martin-Rambaud (Jim)

"Un zoo. Un musée. Une collection de verre. Des animaux en cage. Des personnes qui tournent en rond dans la pénombre de leur appartement délabré. Un écosystème en ébullition. De l’amour, mais jusqu’à quel prix ?
J’interprète le rôle de Laura dans la pièce. Laura ne parle pas beaucoup mais quand elle parle, elle se déploie et prend son envol comme un oiseau. Le corps parle pour elle quand elle ne prend pas la parole. C’est un personnage qui rassemble les membres de sa famille, qui parfois s’efface pour mieux les regarder vivre et pour voyager dans son imaginaire, de son côté.
Avec Xavier, nous travaillons beaucoup sur la frontière entre les vivants et les morts et sur les résonances que la pièce contient qui nous dépassent : l’auteur, les États-Unis à cette époque, les circonstances qui nous sont étrangères mais vers qui nous pouvons essayer de nous rapprocher.
Cette pièce est une pièce hantée par tous les passages de ces personnages, qui ne cessent de revenir sur les traces de leur passé, en famille, par la volonté de Tom.
Nous nous amusons à créer des rituels qui unissent cette famille étrange grâce aux jeux, aux propositions que nous les comédiens nous nous faisons sans cesse quand nous jouons ensemble. Nous nous surprenons, nous explorons les dimensions de nos voix, de nos corps en mouvements et de l’espace dans lequel nous travaillons à la salle blanche. C’est un travail passionnant et enrichissant qui n’a de cesse de se régénérer car nous prenons toujours en compte les circonstances du réel avec lesquels nous jouons. Notre état, le temps qu’il fait dehors, la musique, les accidents inattendus, notre regard et tant d’autres choses. Ça fait du bien de ne pas mettre un personnage dans une catégorie par la psychologie ou par l’intellectualisation, je ne sais toujours pas comment interpréter Laura, c’est elle qui me surprend toujours quand je commence à jouer." (Louise Depardieu)

"Tom(niscient)
...“Je vous présente le réalité sous la forme séduisante d’une illusion”...
Un homme convoque les fantômes de son passé pour essayer de réparer le destin tragique de sa famille. Il voit défiler sa ménagerie tous les soirs et espère que les comédiens/souvenirs trouveront, cette fois, la solution pour sauver Laura et auront le courage d’aller de l’autre côté de l’impasse…" (Matteo Rignanese)

"La Ménagerie de Verre est, d'après moi, la plus belle preuve d’amour qu’un auteur puisse offrir à sa mère et à sa sœur. Chaque fois que la pièce est jouée, Tennessee Williams affronte à nouveau ses fantômes et replonge en plein dans les années 30, dans cet appartement à Saint-Louis où l’imaginaire, le jeu et l’illusion sont préférables à la réalité. Chaque fois vient un nouvel espoir. Va-t-il les sauver ? Réécrira-t-on le passé ? Jouer Tom, c’est entrer dans un rituel d’amour et d’espérance où chaque mot, chaque phrase, compte. C’est déterrer les secrets dissimulés par Williams et être face à ses fantômes, face à sa ménagerie. C’est avouer ce qu’on n’a jamais avoué, c’est pardonner et demander pardon là où l’on n’a pas eu la force. C’est danser dans un uni-verre fragile et chanter sous la pluie. C’est espérer ensemble et sans relâche, pour réécrire le passé, pour tous les sauver. " (Paul Guilbert)

... "Alors, à quoi allons-nous consacrer nos journées dorénavant et jusqu’à la fin de notre vie ? On restera à la maison, à regarder passer le défilé ? à jouer avec la ménagerie de verre, ma chérie ? ..."
Amanda Wingfield se créer tout un monde dans lequel elle fait évoluer ses enfants par des histoires passées ou inventées. Jouer à vivre, il ne lui reste plus que cela. Vivre pour jouer, pour se raconter. Sans ça, elle n’est plus. Il faut que ses enfants continuent à bien vouloir jouer avec elle, qu’ils entrent avec elle dans son imagination, dans son monde de rêve. Ce monde d’illusions ; c’est tout. A l’extérieur, c’est comme si tout était détruit, parti « en fumée» et que l’intérieur, sa « propre maison » restait le seul refuge contre ce dehors, qui a tout détruit. Il ne lui reste plus que cette ménagerie pour se sentir vivante auprès de ses enfants qu’elle rêve parfaits. Elle veut tellement leur bien être qu’elle ne perçoit pas l’étouffement qu’elle leur impose. Amanda connait l’histoire et le destin fatal qui attend Laura, sa lobotomie. Elle en est elle-même l’autrice d’une certaine manière. Mais elle ne cessera de croire, chaque soir, en retraversant cette boucle : que le mal pourra être réparé, que l’erreur pourra être modifiée, que l’histoire pourra enfin être changée, espérer qu’elle pourra vivre, heureuse. " (Anna Guyon)


"Le rôle de Jim m’offre la possibilité d’aborder la pièce à travers deux grands axes : le jeu et la musique. Je peux ainsi commencer à me laisser envahir par l’atmosphère du plateau dès les premières secondes. La musique a valeur de réplique dans le rituel, elle accompagne la tentative désespérée des Wingfield de réparer leurs moments d’absences, les jours où ils refusaient de voir la réalité qui leur crevaient les yeux. J’entends la vérité puis Jim la voit, mais rien n’y fait, une erreur subsiste." (Arnaud Martin-Rambaud).


(Photos Elodie Delelée)